CANNES A MOUCHE PEZON & MICHEL


La firme Pezon & Michel a régné sur le monde du refendu du début du 20ème siècle jusqu'à la fin des années 70.
Puis, la fibre de verre et surtout le carbone ont pris rapidement le dessus sous prétexte de poids et de vitesse d'action. Les jolis refendus étaient devenus obsolètes, et P&M n'a pas su prendre, au contraire de son principal concurrent anglais HARDY, le virage de la modernité, malgré des tentatives répétées.
Les cannes à mouche dignes d'intérêt et les plus collectionnées sont celles de la série PARABOLIC (née en 1938) et ont été déclinées en de nombreux modèles, de l'entrée de gamme (PRIMA) jusqu'au summum : les PPP (pour Puissance Pendulaire Progressive, et non d'autres adjectifs aussi variés que fantaisistes, comme Parabolique, Permanente, Parfaite ou autre P... comme on le voit trop souvent dans les écrits des journaleux de tous poils).
Les modèles antérieurs à 1938 sont collectionnés à titre anecdotique et de moindre valeur (ils sont rarement en bon état)
Pour la gamme "moderne", on peut résumer les principales références (non exhaustif, donné avec leur date de naissance) en :
PARABOLIC PRIMA 1939, déclinée principalement en 3 longueurs (8', 8'6 et 9') et 3 actions : la "Normale" pour une stature de pêcheur et une pêche dans des conditions dites "normales", la "Moyenne" en 3 éléments avec une action plus prononcée et la "Compétition" beaucoup plus ferme, destinée aux conditions de pêche difficiles (vent, distance etc).
Le modèle Prima était une entrée de gamme pour servir un public dit "débutant" ou impécunieux mais permettant ainsi de s'offrir une canne en refendu correcte. Peu d'intérêt du marché de collection pour ce modèle sauf en état de véritable neuf.
PARABOLIC SPECIALE 1939 (3 actions idem), 1 ou 2 scions, la Normale étant certainement le modèle qui a été le plus vendu en France et donc la plus fréquente sur le marché de l'occasion, .
PARABOLIC SUPREME 1938 (3 actions idem), 1 ou 2 scions, excellente qualité, succès ininterrompu de 1939 à 1984, souvent livrées avec un tube de protection aluminium brut au début puis anodisé vert, puis PVC vert.
PARABOLIC SKISH, 1953, canne dite "de précision", faite pour les concours du Casting Club de France au bois de Boulogne, rare sur le marché.
PARABOLIC STERLING, 1938, très bonne canne polyvalente, puis à partir de 1969 marquée NORMALE ou COMPETITION, cette dernière avec également un modèle à poignée cigare pour l'exportation mais de faible intérêt (trique à l'action "imbuvable", nous en avons fait l'expérience avant de nous en débarrasser au plus vite...).
PARABOLIC RITZ, 1953, la préférée du maître, modèle qui donnera naissance aux PPP, rare sur le marché, tube alu ou plastique vert.
PARABOLIC RITZ TOS HS / HL (pour High Speed/High Line), 1967, fabriquée pour l'association Truite-Ombre-Saumon, encore plus rare, et pourtant merveilleuse canne semi-rapide, tube alu vert.
A noter qu'il y eut d'autres essais de commercialisation sous l'appellation "RITZ" comme les modèles "Loire" ou "Vendôme" en 7'2 avec 1 seul scion, mais qui ne furent produits qu'à quelques dizaines d'exemplaires, probablement pour l'exportation, habillés sobrement sous housse satin rouge type PPP et tube métallique.
PARABOLIC ROYALE, 1975, série de 6 modèles (6'10, 7'4, 7'9, 8'3, 8'8 et 9'3) de qualité identique aux PPP, mais livrées avec un seul scion, ligatures brun clair avec liséré jaune, poignée cigare / porte-moulinet culot-bague, ou tronconique standard avec porte-moulinet métal à vis type "Suprême" ou "PPP", tube alu ou plastique vert au début puis métal anodisé bronze assorti d'une étiquette dorée de la marque, la 6'10 étant la plus recherchée.
Il a été aussi commercialisé un modèle "ROYALE SUPER" à poignée cigare et porte-moulinet bois exotique (inhabituel chez Pezon) et culot-bague vissante, surtout destiné au marché américain.
Selon P. COURSAGET, ce modèle produit en 4 longueurs ferait partie de la gamme PPP.
Les ligatures sont brun clair avec liséré noir, légèrement différentes des précédentes (brun clair liséré jaune). Rare sur le marché.
PARABOLIC SAWYER NYMPH (8'1, à poignée détachée), DRY FLY, GREASED LINE et STILLWATER, 1957, 4 modèles faits sur-mesure pour Franck SAWYER, après une visite de Charles RITZ dans son fief de la rivière Avon, cannes peu fréquentes sur le marché.
SUPER PARABOLIC PPP, 1954, série de 23 modèles (ligatures rouges / liséré vert au début, puis vertes avec liséré rouge, poignée tronconique / porte-moulinet métal bronzé à vis sauf derniers modèles "courts") dont les plus connus donc les moins rares sont la Fario Club, la Master ou la Powerplus. Les plus cotés sont les modèles les plus courts (???), donc les plus récents (années 70-80, pour alléger le poignet de ce pauvre moucheur anémique de fin de 20ème siècle). Un bon nombre de ces petits modèles étaient vendus sur le marché US, amateur de cannes courtes, ainsi que japonais, comme les FEATHERWEIGHT, COLORADO, WADING, MARVEL ou SUPERMARVEL.
Le numéro inscrit sur la canne et les 2 scions est le numéro d'ordre de fabrication (ex : 25 = 25ème canne produite pour ce modèle).
Toutes les PPP sont fournies d'origine avec une housse compartimentée en tissu molletonné satin rouge et un tube de protection (au début houssé de la toile beige habituelle avec écusson Pezon, puis sans housse).
Celui qui voudrait collectionner l'ensemble des modèles "Parabolic" dans toutes les longueurs et actions commercialisés dans la période "Amboise", devrait rassembler au moins 103 cannes et 40 en modèles PPP.
Toute la "production" (assemblage) HUE, délocalisée d'AMBOISE à ST BRIEUC à partir du rachat de 1999, n'a plus la belle écriture de Mme MERCIER ni la qualité drastique de fabrication, et ne suscite donc plus guère d'intérêt de la part des collectionneurs.
Ci-dessous photos des quelques exemplaires que nous conservons de notre ancienne collection : de droite à gauche, une RITZ, la série des ROYALE, ici la 7'9, une PPP TRAUN à 1 scion (rare) et une PPP FARIO CLUB.

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PEZON & MICHEL PROTO ? (vendue)


Canne dénichée en brocante qui pourrait être du 3 juin 1955 avec le numéro 2R (3655 2R ?).
Cette 8 pieds que nous avons trouvée très peu (et mal) habillée (4 serpentiformes rudimentaires), avec une petite poignée (21 cm) et simple porte-moulinet à culot-bague, comporte un talon plus court que le scion qui préfigure peut-être une sœur ou fille de la "RITZ" ou de la "SKISH" (toutes 2 débutées en 1953), car toutes les cannes étaient d'avant cette époque étaient en bouts égaux, c'est Ch. Ritz qui a initialisé le tiercage des brins chez P&M (cf ses bricolages d'avant-guerre durant ses "vaches maigres" américaines).
C'est donc très probablement un "test", peut-être a-t-elle été entre les mains de Pierre CREUSEVAULT ou de Charles RITZ lors d'une séance d'essai à Amboise...
Talon = 1 m, scion = 1 m 41
Rhabillée plus correctement par nos soins, elle lance très proprement une soie naturelle n°4.
Peut très bien reprendre du service en pêche légère sèche ou noyée.

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CANNE DE VOYAGE (vendue)


Etonnante petite canne américaine de la toute fin du 19ème ou début du 20ème siècle, en 7 éléments de 30 cm et comportant 2 scions, l'un avec l'anneau typique de cette époque et l'autre "classique".
Parfaitement conservée, elle propulse encore sans effort une soie n°4 à distance de pêche. On remarquera l'absence d'anneau de départ classique, un serpentiforme faisant office.
Aucun marquage ne donne le fabricant, était-ce une commande en "sur-mesure" ou une fabrication artisanale ?
Quel homme d'affaire ou voyageur de commerce a-t-il trimballé cette canne dans ses bagages, sagement rangée dans sa poche à compartiments, du Wisconsin au Montana ou autre dans les années 1890-1900... ?

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